L'exposition

Des robots au foyer

Le présent peut nous déjà nous dire si les performances des robots domestiques disponibles sont à la hauteur des attentes qu’ils suscitent : simples gadgets pour techno-addicts ou véritables assistants ? Mais ce qui est plus difficile à évaluer, c’est notre niveau d’acceptation de leur intrusion dans nos maisons.


Intelligents, autonomes, communicants, les robots domestiques sont aujourd’hui capables de nous rendre des services, de nous tenir compagnie ou de faciliter nos apprentissages… Les joueurs d’échecs se mesurent depuis longtemps à des machines, mais s’habituer à ce qu’elles arrosent nos plantes, changent la litière du chat, surveillent la maison et nous alertent par téléphone en cas d’intrusion est encore étrange ou inquiétant !

Certains robots à commande vocale et reconnaissance faciale sont conçus pour être des majordomes des temps modernes. Si vous le leur demandez, ils peuvent vous rejoindre là où vous vous trouvez dans la maison pour sélectionner une station de radio ou un morceau de musique, établir la liste des courses et la transmettre directement au supermarché en ligne, vous proposer des menus en fonction du contenu de votre réfrigérateur, consulter votre agenda ou la météo, appeler vos proches en visioconférence et même lire vos courriels à haute voix... Certains sont même équipés de tablettes numériques reliées à votre téléphone pour être activés à distance si besoin.

Jazz Connect, 2012

Développé par la société française Gostai, Jazz Connect est un robot de « téléprésence » : l’utilisateur
contrôle à distance le robot, qui lui sert alors d’avatar. Le robot se connecte de lui-même à Internet, en Wi-Fi, et l’utilisateur s’appuie sur l’interface de contrôle qui apparaît sur son navigateur Web pour diriger le robot grâce à un pointeur 3D. Il est donc possible de se déplacer, de voir, d’entendre et de parler grâce à la caméra de Jazz Connect, à son micro et à ses haut-parleurs intégrés. Jazz Connect est équipé de douze capteurs pour se déplacer et reconnaître les obstacles, et de quatre récepteurs infrarouges pour se connecter automatiquement à sa station de rechargement d’énergie, après six heures d’utilisation.

  • Jazz Connect- 2012 Gostai- Paris

    Jazz Connect- 2012 Gostai- Paris

 

 

Plus familiers de l’expérimentation face à la nouveauté, les enfants pourraient bien être les meilleurs défenseurs de la cause des robots-compagnons : des écoles expérimentent déjà avec succès des robots d’aide à l’apprentissage avec lesquels les élèves interagissent volontiers, dépassant plus aisément les inhibitions propres à la prise de parole dans un groupe.

Les petits androïdes tout comme les petbots, sorte d’animaux de compagnie robotisés qui peuvent jouer ou raconter des histoires en affichant des manifestations d’émotions humaines, font également l’objet d’un véritable engouement de leur part. Attention néanmoins à ne pas s’y tromper : la forme des robots doit d’abord être adaptée à leur usage. S’il est vrai que les robots anthropomorphes ou zoomorphes nous rassurent instinctivement en termes de références, ils ne sont sans doute pas représentatifs de l’avenir de la robotique domestique.

Aibo, 1999

Commercialisé par le Japonais Sony entre 1999 et 2006, Aibo est un robot chien de compagnie qui a marqué le début de la robotique ludique. Équipé d’une connexion Internet sans fil, de capteurs, d’un microphone et d’un haut-parleur, Aibo est considéré comme un robot autonome puisqu’il peut agir et apprendre en s’adaptant à son maître, à son environnement ou à d’autres Aibos. Ses deux logiciels offrent plusieurs possibilités de jeu. Avec Aibo-Life, le robot grandit en passant par quatre stades de développement : bébé, enfant, adolescent, adulte. Avec Aibo-Explorer, l’utilisateur interagit avec un robot adulte, capable d’exprimer des émotions et de comprendre une centaine d’ordres, sans y obéir systématiquement, comme le ferait un vrai chien !

Robosapien et Femisapien, 2004

Commercialisés par la société hongkongaise WowWee, Robosapien et Femisapien ont été conçus par Mark Tilden, physicien et roboticien canadien. Il s’agit des premiers robots-jouets dérivés de la robotique biomorphique. Tirant profit des circuits analogiques pour fluidifier ses réactions, Robosapien et Femisapien peuvent marcher, courir et se retourner. Peu coûteux, ils sont parmi les robots-jouets les plus vendus dans le monde. Ils ne sont pas autonomes, mais possèdent néanmoins soixante-sept fonctions préprogrammées : donner un coup de pied, attraper un objet, danser... Ils peuvent également être configurés grâce à leur télécommande pour réagir, par exemple, au son ou au toucher.

Pleo, 2007

Développé par la société américaine Ugobe, rachetée depuis par le Hongkongais Innvo Labs, Pleo est un robot dinosaure Camarasaurus . Il dispose de capteurs, de micros, de haut-parleurs et d’un système d’exploitation lui permettant d’apprendre et d’interagir avec ses utilisateurs. La première mise en fonctionnement de Pleo correspond à sa naissance : il ouvre les yeux et essaye de marcher. Il devient ensuite « jeune dinosaure » : il commence à explorer son environnement et à faire connaissance avec son utilisateur. Une fois « adolescent », il développe quatre types de comportements : joyeux et curieux, vexé et honteux, joueur, étonné et effrayé. Grâce à sa programmation, le caractère du robot varie selon son utilisateur.

  • Pleo- 2007 Robopolis- Lyon (Rhône)

    Pleo- 2007 Robopolis- Lyon (Rhône)

REETI, robot expressif d’émotions, 2011

Reeti est un « PCBot », fusion d’un PC et d’un robot, créé en 2011 par Christophe Rousset, directeur de la société Robopec. Ses quinze moteurs et sa peau déformable lui permettent d’exprimer une infinité d’expressions qui, intégrées à des animations, lui confèrent une capacité d’interaction sociale par l’émotion.
Ses deux caméras HD situées dans les yeux lui permettent de vous voir et de percevoir les distances. Aujourd’hui, Reeti est capable de faire des présentations, d’animer un espace ou l’accueil d’une manifestation, ou encore d’intervenir dans le cadre d’apprentissages pédagogiques. Il est entièrement ouvert au développement et de nombreux laboratoires de recherche travaillent à faire évoluer son intelligence artificielle. Il pourra bientôt reconnaître ses interlocuteurs et leurs émotions, établir une discussion, adapter son comportement à une situation, accompagner et surveiller des personnes isolées ou dépendantes… Il est également envisagé de l’utiliser comme support de thérapie pour certains troubles du comportement (autisme notamment).

  • Reeti- robot expressif d’émotions- 2011 Robopec- Six-Fours-les-Plages (Var)

    Reeti- robot expressif d’émotions- 2011 Robopec- Six-Fours-les-Plages (Var)